40 ans, 40 portraits | Bénédicte Fontant

D’infirmière à coordinatrice de projet en Guinée, découvrez la joie de l'engagement de Bénédicte Fontant ancienne étudiante du Master en Solidarité internationale et Action sociale de l'Ircom.

Quel est votre parcours ?

Après avoir obtenu mon diplôme d’infirmière, j’ai rapidement compris que je ne souhaitais pas exercer ce métier de manière classique. Je souhaitais m’investir dans le secteur humanitaire et social. C’est pourquoi j’ai choisi de poursuivre ma formation à l’Ircom, en intégrant le master Management de la Solidarité et de l’Action Sociale.

Mon expérience professionnelle s’est d’abord construite au sein de l’Ordre de Malte, où j’ai occupé trois postes successifs, avant de rejoindre Inter Aide. Mon premier engagement s’est fait à Dakar, dans le cadre d’un Volontariat de Solidarité Internationale (VSI). J’y occupais le poste d’attachée de direction dans un hôpital. J’épaulais le directeur dans différents projets de structuration, comme l’extension des locaux ou l’organisation du cinquantenaire de l’établissement, qui fut l’occasion de mener un plaidoyer contre la lèpre.

De retour en France, j’ai poursuivi au sein de l’Ordre de Malte comme chargée de collecte et d’événements. J’avais pour mission d’animer le réseau de bénévoles à l’occasion des grandes journées de collecte et des événements de l’association. Ce travail était riche humainement, mais je sentais que je m’éloignais de mon cœur de métier.

J’ai alors évolué vers un poste de chargée de projets solidarité. Cette mission m’a permis de créer de nouvelles actions, de renforcer les projets existants, et d’accompagner les bénévoles dans leur mise en œuvre. Je me suis progressivement spécialisée dans les projets santé et j’ai coordonné l’installation de trois foodtrucks solidaires en Île-de-France. Après six années intenses et enrichissantes à l’Ordre de Malte, j’ai ressenti le besoin de changer d’environnement.

C’est chez Inter Aide que j’ai trouvé un nouveau souffle. Cette ONG développe des programmes de développement dans des zones rurales particulièrement isolées, avec une approche rigoureuse et des programmes de long terme (10-15 ans). Présente dans sept pays, elle agit dans des domaines essentiels comme l’eau, l’hygiène, l’agriculture, la santé communautaire et l’éducation. J’ai rejoint Inter Aide pour une mission de deux ans en Guinée, à Kankan, la deuxième ville du pays — en réalité un grand village très étendu.

Là-bas, je coordonnais un projet de santé communautaire dont l’objectif principal était de réduire la mortalité infantile. Mon rôle était particulièrement transversal : stratégie de projet, définition des activités, planification, adaptation sur le terrain, supervision des sensibilisations, management d’une équipe de douze personnes, gestion administrative et RH, logistique, suivi financier, relations partenariales et évaluation. C’était un poste extrêmement complet, équivalent à un poste de cadre en France, avec une grande autonomie.

Je rentre tout juste de cette mission.

Qu’est-ce qui vous anime dans cette mission ?

Ce qui m’a profondément motivée dans cette mission, professionnellement, c’est la richesse du poste et le sens concret de notre action. Le programme avait beaucoup de sens et nous pouvions voir l’impact de la mission auprès des bénéficiaires. J’étais présente sur le terrain une à trois fois par semaine, en contact direct avec les bénéficiaires et les équipes. Nous pouvions ajuster notre action en fonction des réalités locales. La rigueur de la gestion des fonds et la subsidiarité bien appliquée m’ont permis de m’investir pleinement. De plus l’ONG allait là où aucune autre ne souhaitait aller, parfois dans des villages à plus de 5 ou 7h de mauvaises routes.

Au niveau personnel : j’ai découvert un pays passionnant, contradictoire, avec de grands enjeux de développement mais un accueil et un peuple très chaleureux. J’ai vécu une immersion totale dans la culture guinéenne, entourée presque exclusivement de collègues locaux, ce qui m’a apporté une grande ouverture d’esprit.

J’ai aussi découvert la joie de l’engagement. J’ai travaillé énormément, mais au service d’un projet qui avait du sens, avec une super équipe. J’ai l’impression que ces deux années m’ont permis d’acquérir autant d'expérience professionnelle que si j’en avais passé cinq !

Enfin, je reste marquée par un pays magnifique, où j’ai réalisé de beaux voyages, indispensables au ressourcement au sein de cette mission dense.

Un souvenir de votre vie étudiante qui vous a particulièrement marqué ?

Dix ans après ma sortie de l’Ircom, ce que je retiens ce sont les amitiés fortes nouées pendant ces années. Certains amis rencontrés à l’Ircom sont toujours présents dans ma vie. Certains sont même venus me voir en Guinée pendant ma mission. Malgré des parcours professionnels différents, nous continuons à partager nos défis, nous avons de la joie à échanger sur les problématiques, les enjeux que nous rencontrons dans notre vie professionnelle.

L’environnement de l’Ircom favorise ces liens. Les petits effectifs, le cadre verdoyant, les travaux de groupe, les mises en situation créent une ambiance propice aux relations humaines profondes. Le raid reste un souvenir particulièrement marquant.

Bien sûr, l’Ircom nous prépare au monde professionnel, mais elle nous offre la joie de belles rencontres.

Un conseil aux alumni ?

Si je devais donner un conseil aux alumni, ce serait de ne pas avoir peur de postuler à des postes qui vous attirent, même s’ils vous semblent trop ambitieux. Lors de mes entretiens, j’ai toujours été honnête : j’ai présenté mes compétences, mais aussi mes doutes, mes inquiétudes. Cette sincérité a instauré un climat de confiance. Avec inter Aide j’ai pu développer mes compétences.

Deux ans plus tard, je suis fière d’avoir osé. J’ai surmonté mes peurs parce que j’avais vraiment envie de ce poste, et j’y suis allée pleinement.

Un rêve pour les 40 ans de l’Ircom ?

Pour les 40 ans de l’Ircom, je souhaite que l’école continue à évoluer sans jamais perdre son âme. J’aimerais qu’elle accueille de plus en plus d’étudiants, afin que le plus grand nombre puisse bénéficier de cette expérience unique.